Extrait de l’article du journal, L’EXTRAORDINAIRE du 13 novembre 1993 page 5 : LES BONNES de Jean Genet, Mise en scène de Malène Daquin par la compagnie de l’Orange Bleue. Interview :
« ….Depuis, j’ai lu Genet, je me suis intéressée à sa vie, ses écrits, ses idées, sa vision du théâtre, ses engagements. Pour moi Les Bonnes c’est Genet en trois personnages : Claire, Solange et Madame. J’aime ces trois personnages car ils me renvoient à des émotions fortes, vraies. Genet ne voulait pas que sa pièce soit interprétée de manière réaliste et je l’ai si souvent vue montée de cette façon que j’ai toujours eu envie de la mettre en scène un jour, dans un style baroque, onirique, avec de l’excès, car c’est un texte puissant, violent, décapant, profondément actuel. Derrière le miroir de ces trois femmes, il y a Genet, un homme qui me fascine depuis toujours. J’admire ces êtres qui ne se sont pas contentés d’avoir de belles idées sur le papier mais dont la force se révèle aussi dans les actes……
……J’ai appelé ma compagnie l’Orange Bleue, en référence au poème d’Eluard « La Terre est bleue comme une orange » Cette notion d’universalité avec cette diversité culturelle est pour moi essentielle. Je m’intéresse à toutes les formes d’expression. Le théâtre est pour moi un art total.
Pour les Bonnes, je me suis inspirée de l’Orient, du Japon. J’ai toujours été attirée par le No et le Kabuki. J’aime puiser mon inspiration à l’extérieur de moi-même et de mes racines parce que je veux parfois me sentir déracinée ou plonger mes racines ailleurs. La Terre est bleue comme une orange et je voudrais goûter à chaque quartier de cette orange. Le théâtre oriental me fascine. Je trouve que l’Occident a perdu le sens du sacré dans sa définition la plus large. J’aime l’aspect magique et rituel des théâtres orientaux, l’onirisme, l’aspect visuel et corporel, où la parole et le texte ne sont pas l’essentiel de la représentation…. »
Malène Daquin